Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/189

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BREBIS ET BUISSON

Quelques-uns veulent que la fable
Soit courte : ils ont raison ; mais l’excès n’en vaut rien.
Qui dit trop peu, ne dit pas bien ;
L’aride n’est point agréable.
Ésope même étoit trop sec ;
Je m’en étonne ; car tout grec
Est grand parleur : témoin notre divin Homere.
Ces deux conteurs ne se ressemblent guère.
L’un par des vers sans fin dit qu’il faut s’accorder.
À l’autre allez le demander ;
En deux mots il vous expédie.
Ces deux extrémités ne sont point de mon goût.
Évitez, c’est bienfait, la longue rapsodie ;
Ne dites rien de trop ; mais aussi dites tout.
La Fontaine a bien fait d’étendre
Son laconique original.
Tout fleurit dans ses vers ; le plus vil animal
Est éloquent : c’est plaisir de l’entendre ;
Tout prend des sentimens, des mœurs ;
Tout converse ; on y croit être avec ses semblables.
Le précepte à loisir se coule sous les fleurs ;
Sans cela que servent les fables ?