Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/194

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Eh ! Comment vivre les six autres ?
Est-ce pour l’adorer trop de l’éternité ?
Vous êtes à plaindre sans doute ;
Lui dit Mercure, en reprenant sa route :
Mais c’est l’ordre du sort : tel qu’il est, le voilà ;
Il faut bien en passer par là.
Proserpine est donc épousée.
Grande fête aux enfers ; tout supplice y cessa :
On dit qu’ainsi que l’élisée,
Tout le Tartare à la nôce dansa.
Au bout de quinze jours Pluton dit à sa femme :
On va vous ravir à ma flâme ;
Enfin le terme approche où vous m’allez quitter.
Ici nous ne pouvons compter
Ni les jours ni les mois : nos astres immobiles
Ne sçauroient mesurer le temps :
Mais je sens bien, depuis que mes vœux sont tranquilles,
Qu’il s’est passé bien des instans.
On va nous séparer : ô regrets inutiles !
(le terme est loin pourtant, il falloit deux saisons.)
Autre quinzaine passe, et Pluton s’en étonne.
Quoi, dit-il en bâillant, six mois sont donc bien longs !
Autre mois passe encor ; alors le dieu soupçonne
Que Jupiter le trompe, et qu’enfreignant ses loix,