Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/204

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Nos chiens font amitié : dans la patte on se touche ;
On s’embrasse ; on se traite en amis de tout temps.
Nos freres suivent leur voyage.
Confidences trottoient de la part de Brifaut,
Racontant ses emplois, ses amours, son ménage ;
(amitié fraîche a ce défaut
Qu’elle jase plus qu’il ne faut.)
Le tout, pour amuser le grave personnage,
Qui parloit peu, qui sembloit s’ennuyer,
Plus on prétendoit l’égayer.
Ils arrivent bien-tôt au plus prochain village.
Là notre la rancune aboye à tous les chiens ;
Attaque l’un, puis l’autre, et se fait mille affaires ;
Tant qu’enfin le tocsin sonne sur nos deux freres,
Qui sont, l’un portant l’autre, ajustés en vauriens.
Pauvre Brifaut en fut pour ses oreilles,
Ni plus ni moins que seigneur aboyard.
L’un attira les coups, et l’autre en eut sa part.
Je l’en plains ; mais choses pareilles
Menacent qui choisit ses amis au hazard.