Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et c’est trop dire, il n’a que cinq ou six mille ans.
Or, près des millions d’années
Que vraisemblablement portent ses destinées,
Il ne fait que de naître ; et nous sommes enfans.
Il y paroît, toûjours timides,
Nous n’osons avancer, si nous n’avons des guides.
Nous demandons à chaque pas,
A-t-on été par-là ? Non ; n’y marchons donc pas.
Voilà bien le discours d’enfans tels que nous sommes.
Nous serons plus hardis, quand nous serons des hommes.
Que de terres encor restent à découvrir !
La fiction sur tout est un païs immense :
On ira loin, pourvû qu’on pense.
Les chemins manquent-ils ? C’est à nous d’en ouvrir.
Imaginons des faits ; créons des personnages ;
Si nous trouvons des critiques sauvages,
Allons toûjours, et laissons-les crier.
À l’honneur d’inventer Apollon nous convie ;
Et nous sommes, malgré l’envie,
Créateurs de notre métier.
En vertu de ce privilége
Voici donc de nouveaux acteurs,
Dame ignorance et son cortége,
Paresse, orgueil. écoutons ces docteurs.
Ils font déja gronder tout le peuple critique
Contre un conte métaphisique.

Demoiselle ignorance étoit grosse