Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/224

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LES CHIENS

Pour chercher sûrement fortune
Nombre de braves chiens se liguerent entr’eux.
De gloire et de butin faisons bourse commune,
Leur dit, monté sur la tribune,
Un dogue, orateur vigoureux.
Vous l’eussiez entendu par sa docte harangue
Enflammer les confédérés,
Et leur étaler en sa langue
La concorde et ses droits sacrés :
Ce dogue en un collége avoit pris ses dégrés.
Vous avez tous maint Hector à poursuivre,
Les loups, les sangliers : courez ; je vous les livre,
Si de votre union vous serrez le lien :
Mais si quelqu’un hargneux et difficile à vivre
Met le trouble entre vous, et s’en va sur un rien
Traiter son compagnon de visage de chien,
Si vous donnez entrée à la guerre civile,
Vous périrez ; et j’en atteste ici
Les manes querelleurs d’Achille :
Car, comme vous voyez, l’orateur, dieu merci,
Étoit sçavant et plagiaire aussi.