Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/235

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LE CHAT ET LA SOURIS

Finette, gentille souris,
Avoit un jour donné dans une souriciere :
Pour un morceau de lard la voilà prisonniere :
Par fois les plus sages sont pris.
Maître matou que cette odeur attire,
S’en vient flairer le trébuchet ;
Il y voit la souris et du lard à souhait :
Quel repas pour le maître sire !
Pour l’avoir, le rusé se met sur son beau dire.
Ma commere, dit-il d’un ton de papelard,
Mettons bas la vieille rancune ;
C’est trop vivre ennemis ; j’en suis las pour ma part :
Si comme moi la guerre t’importune,
Il ne tiendra qu’à toi que desormais
Nous ne vivions en pleine paix.
Du meilleur de mon cœur, lui répondit Finette.
Quoi, tout de bon, dit l’un ? Oüi, dit l’autre. Voyons,
Reprit le chat ; pour faire alliance complette,
Ouvre-moi ton logis, que nous nous embrassions.
Volontiers ; vous n’avez qu’à lever une planche
Qui le ferme de ce côté.