Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/261

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Pour voir le monde ; il passe en Albion,
Puis en France, en Espagne, et poussant son voyage
Aborde enfin à l’africaine plage.
C’étoit-là que sire lion,
Prince absolu du voisinage,
Donnoit son sens, son appetit pour loi.
L’étranger sçavoit vivre, et pour lui rendre hommage,
Il se fait présenter au roi.
L’audience est des plus superbes ;
Le lion est assis sur un haut trône d’herbes ;
Et sous un riche dais de rameaux enlassés :
Ses courtisans nombreux autour de lui placés,
Sur l’air du souverain composoient leurs visages.
Soyez le bien venu, dit-il, et commencez
À me raconter vos voyages.
J’ai du loisir ; parlez, et me réjouissez.
Sire, dit le cheval faisant la révérence,
Sçachez d’abord la différence
De mon païs à celui-ci,
Les hommes y sont blancs ; je les vois noir ici.
Là les campagnes et les arbres
Brillent d’une blanche toison,
Que le ciel y verse à foison
Les fleuves durs comme les marbres,
Se traversent à pied, portent d’énormes poids…
Ô l’insolent menteur ! Interompt le monarque ?