Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/278

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Ton dieu, le soleil même, à peine est ton aîné :
Est-il étonnant qu’il te plaise
De mourir ? Tu dois être soû
Et du monde et de son allure :
Si j’avois eu de jours aussi pleine mesure,
Je regretterois moins mon trou.

Qu’aurois-tu vû de plus ? Dit l’arabique apôtre ;
C’est toûjours même chose ; un jour ressemble à l’autre :
Mourant tous deux au même instant,
Nous aurons vêcu tout autant.
Adore le soleil de qui tu tiens la vie ;
Et repens toi de l’avoir fui.
Quel bien t’est revenu de cette fuite impie,
Que remords, que chagrin, qu’ennui ?
Mais je finis ; le temps se passe ;
Et je suis pressé de mourir.
Serviteur, et grand bien te fasse,
Dit le hibou ; pour moi je veux guerir.
Le phoenix alors suit son zéle ;
D’aromates, de bois acheve son bucher
Aux rayons du soleil l’allume de son aîle ;
Et soûmis, il s’y va coucher.
Les feux emportés par Zéphire
Prennent au logis du hibou :
Sur son bucher le saint expire,
L’impie expire dans son trou.
Mais l’un meurt pour toûjours, et l’autre de sa cendre