Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/319

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LE VALET ET L’ECOLIER

Martin servoit un financier.
Un jeune étudiant étoit le fils du maître ;
Et le valet et l’ecolier
Étoient amis autant qu’on le peut être.
Parfois ensemble ils raisonnoient :
De quoi ? Des maîtres et des peres.
Sur le tapis sans cesse ils les tenoient.
Les maîtres sont de vrais corsaires,
Disoit Martin ; jamais aucun égard pour nous ;
Aucune humanité : pensent-ils que nous sommes
Des chiens, et qu’eux seuls ils sont hommes ?
Des travaux accablans, des menaces, des coups,
Cela nous vient plus souvent que nos gages.
Quelle maudite engeance ! Eh ! Mon pauvre Martin,
Les peres sont-ils moins sauvages ?
Disoit l’étudiant. Reprimandes sans fin,
Importune morale, ennuyeux verbiages :
Fous qu’ils sont du soir au matin,
Ils voudroient nous voir toûjours sages.
Forçant nos inclinations,
Veut-on être d’épée ? Ils nous veulent de robe :
Quelque penchant qu’on ait il faut qu’on s’y dérobe,