Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/336

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LE HAZARD MEDECIN

C’est un disciple d’Hypocrate ;
On conclut, c’est un assassin.
Et moi, je parle ici, mais d’un peu vieille datte ;
D’un assassin, par hazard médecin.
Il guérit son sujet, sans grec et sans latin,
Et la cure fût délicate.
Vîte, au fait, monsieur le conteur ;
Eh bien, au fait : le voici cher lecteur.
Un spadassin devoit de l’argent à son hôte
Qui sans aucun délai veut avoir cet argent ;
Injure à qui n’a rien : aussi pour cette faute,
Le spadassin ne fût pas indulgent.
Le voilà d’abord l’épée haute
Qui d’un coup décisif payant son créancier,
Le frappe à côté d’une côte ;
Le croit mort, et s’enfuit : le blessé de crier,
On vient ; mais de cette avanture,
Loin de se plaindre, on vante le succès.
Le fer n’a fait que crever un abcès,
Qui se vuide par l’ouverture.
D’autre côté, l’assassin n’est pas loin,
Qu’on l’arrête et qu’on vous le traîne
Dans la prison la plus prochaine.