Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/352

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LE CALIFE

Des humains fortune se joüe ;
Êtes-vous au haut de sa roüe ?
Demain, vous serez au plus bas,
C’est son plaisir. Celui du sage
Est de rire de la volage.
Elle change, il ne change pas.
Eh ! Que peut-elle aussi sur le courage,
Sur la vertu ? Rien du tout : en ce cas,
Pourquoi lui rendre notre hommage.
Tout le reste vaut-il que l’on en fasse un pas ?
Beaux discours, dira-t-on ; mais de peu de pratique ;
En valent-ils moins pour cela ?
Ce n’est pas qu’il ne soit quelque tête stoïque,
En veut-on une ! La voilà.
Un calife puissant perdit une bataille ;
En vain l’arabesque héros
Combatit d’estoc et de taille ;
Fortune lui tourna le dos.
Tout fut pris hors lui seul, qui se sauvant à peine,
Arrive enfin sous le toît d’un berger ;
L’instruit de son malheur : tu me vois hors d’haleine,