Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/364

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L’ami, je perdrois trop au change ;
Tu n’es qu’une bouchée auprès de celui-ci.
Ah l’insolent ! Il faut que je me vange,
Dit le prince ; est-il loin d’ici :
Non, sire, il est encor tout proche.
Où ? Dans ce puits, là, près de cette roche.

Ça, tout à l’heure, conduis moi ;
Que le rebelle apprenne à connoître son roi.
Ils courent vers le puits. Voyons ce téméraire,
Dit le lion. Je vais vous le montrer,
Dit le renard. Tenez moi, pour bien faire ;
Si je parois sans vous, il va me devorer,
Aussi bien que mon pauvre frere.
Le lion le tenant, le renard dans les eaux
Lui montre alors la double image
D’un lion prêt à mettre un renard en morceaux,
Le tiran se livre à sa rage,
Il jette là le renard à côté ;
Et déja dans le puits, pour vanger son outrage,
Lui-même il s’est précipité.
Sa majesté s’y trouva prise ;
Le renard en partant, lui dit encor ce mot :
Foiblesse et ruse est un bon lot
Qui vaut bien puissance et sottise.