Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/369

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L’INDIEN ET LE SOLEIL

Grand roi, qui vois les arts d’un regard favorable,
Et dont avec transport j’éprouve la bonté,
Souffre qu’ici la vérité
Se cache un moment sous la fable.
Un habitant de l’Inde adoroit le soleil
Un zéle renaissant nuit et jour le devore,
Et plein de l’objet qu’il adore,
L’ardeur de le loüer interrompt son sommeil.
Quelquefois célébrant sa lumiere féconde,
D’un regard attentif il le suit dans son cours,
Admire en lui l’ame du monde ;
Toûjours chantant, et se plaignant toûjours
Qu’à ce qu’il sent nul terme ne réponde.
Il peint tantôt le celeste flambeau
Vainement assiégé par les sombres nuages,
Et bien-tôt vainqueur des orages
Reparoissant encor plus beau.
Il fait hymne sur hymne, en remplit la contrée ;
Tout accourt à sa voix, et chacun l’écoutant,
Benissoit la puissance en ses vers célébrée,
Tandis que du plaisir de la voir adorée
Le chantre se tient trop content.