Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/371

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LES TROIS POISSONS

Trois poissons les plus beaux du monde,
Habitoient un étang, y couloient leur destin.
Ils étoient les rois de cette onde ;
Le reste étoit peuple et fretin.
Des pêcheurs, vrais fléaux de l’espéce nâgeante,
Passent par-là, reconnoissent les lieux ;
Bon, dirent-ils, voici pêche abondante ;
Faisons là dès demain, le plûtôt vaut le mieux,
Faisons là dès demain ! Partons donc tout à l’heure ;
Dit un des trois poissons et du meilleur cerveau.
Sans le dire à personne, il quitte sa demeure ;
Par un canal étroit s’enfuit dans un ruisseau.
Le lendemain par le même passage
Le second voulut s’échaper,
Il y trouva des rêts prêts à l’enveloper ;
Quel passeport pour son voyage ;
Il reste donc, arrivent les pêcheurs
Qui d’avance déja se partageoient la proie.
Nous les aurons ces trois messieurs,
Mais il fallut rabattre un bon tiers de leur joie.
Ils n’apperçoivent plus que deux de ces poissons,
Prenons toûjours ; c’est encor bonne pêche.