Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/380

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Je consens à sa délivrance.

Justice parla donc, on connut l’innocence ;
Même du criminel qui ne l’est qu’à demi,
On ne croit pas devoir tirer vengeance ;
On lui fait grace, et c’est la récompense
D’avoir pû s’attacher un si fidelle ami ;
Justice est le seul bien des royaumes, des villes
Sans elle, tout à redouter.
Quels fous aimeroient mieux traiter
Avec les philautas qu’avec les théophiles.
Théophile avec un sien frere,
Neveu d’un oncle riche, habitoient sous son toît,
L’un plein de probité, complaisant, mais sincére,
L’autre plein de détours, aussi malin qu’adroit,
L’aîné songe à servir, le cadet songe à plaire ;
L’un s’en tenoit à l’oncle, et l’autre alloit tout droit,
À la succession, par fraude, par mistére,
Par médisance, il croyoit tout de droit,
L’oncle riche un beau jour mourut de mort subite ;
C’étoit la mode, alors comme aujourd’hui ;
Le neveu juste étoit seul avec lui ;
Le fripon étoit en visite ;
Nous dirions mieux, en débauche, je croi.
N’importe, après des pleurs versés de bonne foi,
Après de vrais sanglots dont son cœur se soulage,
Il ouvre une cassette ; et parmi maint papier,
Trouve deux testamens, dont le premier plus sage,