Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/83

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par tout variée et féconde.
Dans un pays du nouveau monde
Qu’habitent mille oiseaux inconnus à nos bois,
Il en est un de beau plumage ;
Mais qui pour chant n’eut en partage
Que le talent railleur d’imiter d’autres voix.
Sire mocqueur (c’est ainsi qu’on l’appelle),
Entendit au lever d’une aurore nouvelle,
Ses rivaux saluer le jour.
De brocards fredonnez le railleur les harcelle ;
Rien n’échappe ; tout a son tour.
De l’un il traîne la cadence ;
De l’autre il outre le fausset ;
Change un amour plaintif en fade doleance,
Un ramage joyeux en importun fifflet ;
Donne à tout ce qu’il contrefait
L’air de défaut et d’ignorance.
Tandis que mon mocqueur par son critique écho
Traitoit ainsi nos chantres da-poco ;
Fort bien, dit un d’entre eux, parlant pour tous les autres :
Nos chants sont imparfaits ; mais montrez-nous des vôtres.
L’ASNE