Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/96

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LE BŒUF ET LE CIRON

Qu’est-ce que l’homme ? Aristote répond :
C’est un animal raisonnable.
Je n’en crois rien ; s’il faut le définir à fond,
C’est un animal sot, superbe et misérable.
Chacun de nous sourit à son néant,
S’exagere sa propre idée :
Tel s’imagine être un géant
Qui n’a pas plus d’une coudée.
Aristote n’a pas trouvé notre vrai nom.
Orgueil et petitesse ensemble,
Voilà tout l’homme ce me semble.
Est-ce donc là ce qu’on nomme raison ?
Quoiqu’il en soit, voici quelqu’un qui nous ressemble ;
Au bon cœur près, tout homme est mon ciron.
Messire bœuf, las de vivre en province,
Partoit d’Auvergne pour Paris.
Sur l’animal épais, l’animal le plus mince
Cadet ciron voulut voir le pays.