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MYSTÉRIEUX
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connaissance avec… eh bien, avec des compagnons qu’il porte aussi constamment sur lui et qui n’ont rien de bon à dire à ceux auxquels il en veut.

— Comment ! mon oncle, il est honteux de ce surnom dont il se faisait gloire ?

— Oui, mon neveu ; il s’en faisait gloire quand il n’était qu’un pauvre homme ; mais il ne veut plus qu’on lui parle de son passé, depuis qu’il est devenu propriétaire de ce moulin et de ce manoir que feu le seigneur de Francheville fit construire il y a une douzaine d’années, qu’il vendit ensuite à M. Hocquart, intendant du roi, demeurant à Québec, lorsqu’après sa malheureuse entreprise de l’ouverture de forges pour la fonte du minerai de fer qu’on trouve dans le haut de sa seigneurie à environ trois lieues au nord des Trois-Rivières, près de la rivière St-Maurice, il se trouva soudain presque complètement ruiné. Le pauvre homme en éprouva tant de chagrin qu’il en mourut bientôt après.

— Cela ne nous dit pas, interrompit Michel, comment maître Thom Cambrai est devenu possesseur du moulin et du manoir de la Rivière-du-Loup.

— J’y arrive, mon neveu, j’y arrive. Après donc que M. Hocquart eut acquis cette propriété, il la vendit ou la donna à son ami intime et homme d’affaires M. Deschesnaux, qui en confia d’abord le soin et l’administration à Thom Cambrai, puis la lui transmit, dit-on. Il y a à peu près douze ans, Cambrai vendit sa terre de la Banlieue, sa maison aux Trois-Rivières, et s’en fut à Québec pour tenter de s’établir dans le commerce. Il venait de perdre sa femme, qui lui laissait une fille unique, demeurant présentement avec lui ; une bien bonne enfant, paraît-il. C’est là et alors qu’il a dû se lier de connaissance avec M. Deschesnaux. On dit qu’il est pour se remarier avec une belle da-