Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/12

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place ; on mangeait un pain béni du ciel, accompagné d’un plat de lentilles ou d’une tranche de bœuf. Sur la table était un cruchon de cidre ou de piquette que tous se passaient à la ronde. Après souper, les jours de froid, on brûlait un demi-cotret, — un vrai feu de joie qui durait une demi-heure ; — après quoi, on s’endormait content et sans fatigue. Les jours de beau temps, toute la famille, moins l’enfant au berceau, descendait sur le quai de la Tournelle pour respirer un peu et voir le ciel. Les enfants étaient vêtus de rien, mais par la main d’une vraie mère. Tout le monde admirait au passage cette petite caravane allègre et souriante qui portait bravement sa misère.

Mais il vint un temps où la mère perdit ses forces et son lait. Cette fraîche et féconde créature, éclose en pleine séve dans la vallée de la