Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/17

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d’une mère qui souffre et qui veille, d’un père que le travail a courbé, de sept enfants qui jouent, sans oublier qu’ils ont faim ? D’ailleurs, Rosine n’avait pas le temps de rire : du matin au soir, elle était sur pied pour veiller ses trois sœurs et ses quatre frères. C’était la maîtresse d’école de la bande. Sa mère lui avait appris à lire ; elle répétait la leçon aux autres.

Cependant la jeunesse a tant de ressources, que Rosine garda sa beauté dans cette atmosphère de mort. Un nuage passait, mais bientôt le pur rayon des fraîches années déchirait le nuage. Il lui arrivait çà et là d’heureux moments, soit qu’elle s’appuyât à la fenêtre pour regarder la ville immense où elle espérait une meilleure place, soit qu’elle tourmentât ses beaux cheveux brunissants devant un miroir cassé, qui seul lui parlait d’elle.