Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/23

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Quand le malheur poursuit un homme, il ne lâche pas sitôt prise : André Dumon demeura trois semaines sans travail. Il fallut avoir recours au mont-de-piété. Chaque jour de ces trois fatales semaines, toutes les petites bouches roses, déjà pâlies, qui naguère s’ouvraient pour l’embrasser ou babiller avec lui, ne s’ouvraient plus, hélas ! que pour lui dire ce mot terrible, digne de l’enfer : « J’ai faim ! »

Le tableau de Prud’hon, la Famille malheureuse, un chef-d’œuvre de résignation dans le désespoir, pouvait alors se voir tous les jours chez le tailleur de pierres. Pareils aux enfants de Prud’hon, les enfants du tailleur de pierres, quelque affamés qu’ils fussent, avaient je ne sais quels yeux vifs et quelle bouche souriante même sous les larmes, qui prenait le cœur.

La pauvre mère, malgré ses veilles, ne put