Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/63

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— Deux, répondit Rosine en tremblant ; et encore on ne m’en a payé qu’un.

La joueuse de harpe se fâcha tout rouge.

— Tu es une sotte ! Si j’avais tes vingt ans et ton minois, j’aurais déjà vendu et revendu toutes mes violettes ; mais toi, tu es là comme une statue, sans desserrer les dents ! C’est bien la peine d’avoir des dents de loup ! On sourit, on jase, on chante, on pipe son monde.

— Je vois bien que je n’entends rien à ce métier-là, dit Rosine avec orgueil : reprenez votre éventaire.

— Point tant de façons ! tu es à mon service, tu n’auras point d’autre volonté que la mienne.

Et, disant cela, la joueuse de harpe secoua violemment Rosine.

La pauvre fille, indignée, dénoua le ruban fané qui retenait l’éventaire.