Page:Houssaye - Poésies complètes de Arsène Houssaye, 1850.djvu/101

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Une autre la suivit, pâle et contemplative.
« Et toi, qui donc es-tu ? » Comme la sensitive
Qui craint d’être touchée, elle prit en passant
Un timide détour sous l’arbre jaunissant.
Mais je la poursuivis. « Qui donc es-tu, de grâce ;
Femme, dis-moi ton nom, ou je suivrai ta trace.
— Abeille du Très-Haut, je vais cherchant mon miel
Dans la mystique fleur que Dieu cultive au ciel. »

Une autre femme encor passa sous le vieux arbre.
En la voyant venir, je me sentis de marbre ;
Un hibou la suivait, un sinistre corbeau
Annonçait son passage ; une odeur de tombeau
S’exhalait de ses pas. « Ton nom ? — Je suis ta mère ;
Suis-moi, ferme ta bouche à toute source amère,
L’abîme où je descends n’est pas une prison ;
C’est le sombre chemin d’un plus grand horizon. »

Riantes visions et visions austères :
Qu’avais-je vu passer ? La Vie et ses mystères,
L’Amour qui nous promène en ses mille Alhambras,
La Foi qui vers le ciel lève en priant ses bras,
La Mort qui des douleurs du monde nous délivre
Et de l’éternité nous vient ouvrir le livre.


LA MORT.

dédié à giotto.


Moissonneuse éternelle en la vallée humaine,
Qui n’as pas de repos au bout de la semaine,