Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/12

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J’eus beau faire, je ne pus arracher l’exemplaire que j’avais eu dans les mains et qui appartenait à un autre ami de Sainte-Beuve qui s’était brouillé avec lui. On jasa beaucoup sur le Livre d’amour. Tout le monde condamna Sainte-Beuve. La lettre qu’il m’écrivit prouve bien son repentir.

Nul ne lui pardonna, hormis Victor Hugo, qui n’avait pas douté un seul instant de la vertu de sa femme. Charles Hugo médita une vengeance terrible, mais ses amis le calmèrent en lui disant que le silence était d’or pour toutes les affaires de cœur.

— Vous avez raison, mes amis, dit Charles Hugo, les odieuses calomnies de Sainte-Beuve s’effacent devant sa laideur ; mais ces calomnies ne pouvaient atteindre la femme de Victor Hugo.

Prenons pourtant pitié de Sainte-Beuve, qui a toujours poursuivi l’amour qui le fuyait toujours.

Être aimé ! c’est à la portée de tout le