Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aériens. C’étaient les vrais voyages à travers l’impossible. Aussi qui ne courait alors à la recherche de l’absolu ?

Lamartine a provoqué des admirations passionnées, des enthousiasmes inouïs. Dans les fêtes dominicales qu’il donnait en son hôtel de la rue de l’Université, on venait des cinq parties du monde lui apporter la myrrhe et l’encens. On lui parlait comme à un Dieu, et il trouvait cela tout naturel, et parmi tous les assistants il ne se trouvait pas un seul sceptique pour protester par un sourire, tant c’était l’esprit du moment. Chez les lamartiniens et surtout chez les lamartiniennes, c’était à qui serait le plus exalté.

Combien de grands jours a eus Lamartine, en son règne d’un quart de siècle ? On n’a pas oublié les ovations à son éloquence de tribun. Un grand jour, entre tous, fut celui où, comme Jésus apaisant les flots, il domina, par ses paroles d’or, cent mille hommes en révolte, après avoir dominé par la hauteur de sa poli-