Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/130

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III

L’homme fait l’homme à son image corporelle, mais jamais à l’image de son esprit. Ne semble-t-il pas que la création de l’esprit vienne de plus haut ? On ne s’étonne pas d’étudier les races idéales comme les races palpables. Lamartine est de la lignée de Pindare. On peut dire aussi qu’il est frère de Chateaubriand. Jusqu’à lui la France avait eu des lyriques académiques : ils se sont évanouis devant sa Muse radieuse, comme les étoiles devant l’aurore. Il a été sublime dans son vol ; mais, le malheur de son origine, c’est qu’il était condamné à ne jamais marcher sur la terre, sinon comme un rayon qui passe. Ah ! s’il avait eu un ami pour arrêter les chevaux d’Apollon et les ramener, çà et là, dans le chemin des mortels ! mais ce n’était pas le temps :