Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/14

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cher le coin des femmes, il eut beau leur prouver qu’il était familier à toutes les fémineries, à tous les serpentements, à toutes les ondulations ; il eut beau être, tour à tour, attendri et moqueur, il eut beau prendre des mines de Werther et des airs de Lovelace, rien n’y fit.

Il avait cru naïvement que ses vers lui seraient lettres de recommandation. Il s’était mis en quatre, mais on ne le prit jamais pour un diable-à-quatre. Il décrocha des étoiles au ciel pour celles qu’il aimait comme d’autres offrent des diamants, mais jamais une femme ne fut prise à ses séductions ; on l’aimait comme un ami, mais point comme un amant.

N’être pas aimé ! Ne pas avoir place au banquet de la vie quand on est aussi vivant que le premier coquin qui s’enivre les coudes sur la table ; être un homme de marque et ne pas marquer sa griffe triomphante sur le sein d’une créature adorée ; être bien accueilli dans tous les mondes, y coudoyer des du-