Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/172

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trait, simple ébauche au passage, mais il n’aimait pas les grincements de la plume non plus que les causeries littéraires. Il était armé de toutes pièces contre les écoles. Quand il disait : « J’ai mon cœur humain, moi », il ne s’inquiétait pas du cœur humain d’autrui. Un jour, il nous fit sa profession de foi :

« Je vous écoute tous, mes amis, mais aucun de vous n’a raison : il n’y a pas d’écoles en littérature, sinon le silence. Si on vous dit un jour que j’ai fondé une école, dites bien que c’est un abominable mensonge. S’il me venait cette mauvaise idée, voici quelle serait mon école : un atelier comme celui de Pradier, y compris madame Pradier ; dans cet atelier, aucun souvenir de l’Antique, ni du Moyen Âge, ni de la Renaissance, ni du style rococo, mais une femme, deux femmes, trois femmes si vous voulez, tantôt nues, tantôt drapées, pas trop bêtes, pas trop malicieuses, mais belles de la souveraine beauté, de la jeunesse et de la ligne. Dans cet atelier, si je ne faisais