Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/187

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deviné l’attendant derrière la porte du paradis retrouvé.

Ce rêve de Breughel de Velours, que fit évanouir la belle Madeleine Van Alstoot, cette Ève flamande du seizième siècle, plus remplie de malice et de curiosité, comme dit Salomon, que ne l’était la première Ève, — car ce fut le serpent qui vint trouver celle-ci, tandis que ce fut celle-là qui alla trouver le serpent ; ce poétique et extravagant songe, que l’on a résumé et ridiculisé tant de fois, depuis Madeleine Van Alstoot, par cette phrase sifflée sur tous les tons : une chaumière et un cœur ; ce songe d’un amour si sublimement simple qu’il en paraît absurde, tout cela a été de nos jours une vérité. Et cette réalité n’est pas même effacée dans les ombres profondes que la mort répand sur les cœurs comme sur les paradis terrestres.

N’y a-t-il pas, pour les poètes, pour les amoureux, pour tous les esprits qui suivent la folie du cœur, — cette sagesse moderne,