Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/213

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— Quoi ! c’est vous !

— Quoi ! c’est toi ! Nous aurions dû mourir sans nous revoir.

— Qu’importe, puisque tu es belle toujours !

— Chut ! ne profanons pas cette heure, qui est ma dernière heure, par de vains compliments.

Florentine prit la main de Fantasio :

— Embrasse-moi, si tu l’oses.

Elle avait toujours raillé, même dans ses jours de tristesse, même dans ses heures de passion.

On s’embrassa et on se réembrassa. Mais ce n’étaient plus deux corps, c’étaient deux âmes à demi envolées, battant de l’aile comme deux oiseaux blessés. La mort, l’odieuse chasseresse, les avait atteints en plein cœur.

— Monsieur mon ci-devant adorateur, je dois vous dire, à cette heure suprême, que vous fûtes le plus aimé.

— Un peu plus, un peu moins, qu’importe,