Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/241

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écrivant son nom par trois e et qui ne portait pas la particule. C’est toujours le jeu railleur des destinées.


II

On ne croyait pas que ce poète, fils d’une marchande de modes, verrait ses poésies démodées comme les chapeaux de sa mère. C’est l’histoire de tous les poètes et de toutes les poésies. C’est que les Muses ne marchent pas toutes nues, comme la Vérité ; plus elles s’habillent, plus elles sont fripées : voilà pourquoi les très grands poètes, ceux-là qui dédaignent les vaines coquetteries du style, restent plus longtemps sur les sommets.

Vers 1825, nul n’avait la vision de l’avenir, pour deux poètes alors célèbres, Delavigne et Béranger. Qui eût dit alors qu’ils ne survivraient guère. Delavigne trônait dans les