Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/243

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Ah ! sans regret, mon âme, partez vite,
En souriant remontez dans les cieux !
Remontez, remontez dans les cieux !


Par cette seule strophe, prise au hasard, on juge tout de suite que Béranger ne fut pas seulement un chansonnier, mais un poète. Et un poète qui vibra avec toute la France, à toutes les idées et à tous les sentiments. Âme généreuse, lèvres savantes, cet homme, si simple, avait pourtant l’orgueil de son nom. Jules Janin a dit à propos :

« Toute sa vie, il a compris qu’il était un homme considérable. À ce compte, il prenait, volontiers, partout où il se trouvait, la première place et le premier pas ; c’était même une des fêtes que sa présence : il entrait dans une maison et sans fausse modestie il se mettait naturellement à sa place, et vous n’étiez pas gêné par cette feinte humilité.

» La simplicité même de Béranger lui commandait cette bonne et loyale façon de dire