Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III

Mais Chopin n’est pas mort ; ses préludes, ses concerts, ses valses, ses deux cahiers d’étude et ses élèves ont fait survivre le sentiment, la grâce, la mélancolie de ce talent si délicat et si élevé. À son lit de mort, il a voulu que ses œuvres inédites fussent brûlées, disant qu’il pouvait seul, avec son cœur depuis longtemps blessé, faire comprendre toute la tristesse amoureuse et tout le charme de cette musique faite pour lui seul et que lui seul il a entendue.

Oui, brûlées sous ses yeux ! C’est du plus profond des entrailles humaines que jaillit le thème inspirateur, la pensée primordiale sur laquelle est écrite et pensée la musique de Chopin. Depuis ses Préludes jusqu’à sa Marche funèbre, depuis ses Sonates jusqu’aux