Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/287

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Et, après avoir embrassé mademoiselle Dorus :

— Sauvez le Pré-aux-Clercs, puisque madame Casimir, bien malade aussi, abandonne le rôle d’Isabelle. Reprenez toutes vos forces et jouez le rôle après-demain.

Mademoiselle Dorus se mit à pleurer.

— Comment voulez-vous que je joue après-demain ce rôle, que je ne sais pas ?

— Mademoiselle, reprit Hérold, songez que le Pré-aux-Clercs, c’est le chant du cygne.

Quarante-huit heures après, mademoiselle Dorus jouait le rôle d’Isabelle avec plus de génie dramatique qu’elle n’en eut jamais. Et sa voix adorable transporta tous les spectateurs. Hérold mourut content.

On était en pleine musique italienne de par Bellini, Donizetti, Rossini, sans compter que le maëstro Auber voyait encore les représentations de la Muette de Portici. Quand je dis voyait, le mot n’est pas juste, puisque Auber n’allait jamais à l’Opéra quand on jouait la