Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

revenait pas. La première fois que Persigny et Morny dînèrent chez lui, il ne fit pas plus de façons pour s’en aller, à peine au dessert. Persigny et Morny se levèrent, croyant qu’il fallait suivre au salon le maître de la maison pour le café. On les retint en leur disant que le docteur venait de prendre sans cérémonie la clé des champs, pour voir Faure dans Zampa.

J’ai dit qu’il était homme de théâtre ; oui, plus que tout autre depuis sa direction de l’Opéra ; sa vraie maison c’était le théâtre ; il avait toujours deux avant-scènes à l’année, soit à l’Opéra et au Théâtre-Français, soit au Théâtre-Français et à l’Opéra-Comique. Il avait peut-être raison ; les autres théâtres n’existaient pas pour lui. Mais comme il aima ces trois théâtres impériaux ! Il connaissait par le menu l’histoire intime de toutes les actrices et cantatrices. Quand elles étaient en scène, elles le saluaient dans sa loge : c’était pour lui le baiser de la Muse ; il payait ces sourires au poids des diamants, car il fut tou-