Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/54

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même et je pris l’adresse de cette drôlesse, ne désespérant pas de rencontrer Léonie chez elle.

Très peu de temps après, on se demandait pourquoi, dans les gazettes, une demoiselle Dusol, belle fille de dix-huit ans, demeurant chez sa mère, rue du Four, s’était jetée à l’eau. Tout le monde alla voir à la morgue ce beau corps virginal, sans percer le mystère de sa mort.

Je n’étais pas en ce temps-là un élégiaque, mais en voyant tant de vertu sous le linceul, quand Léonie était si digne de revêtir la robe blanche d’une mariée, je sentis deux larmes tomber de mes yeux.

Ç’a été une des admirations de ma vie, cette vertu inattaquable, ce lys rarissime répandant un parfum de paradis sur l’odieux fumier de la courtisane.

Ce fut sous le coup de cette émotion que j’écrivis le premier mauvais roman qui a pour titre De Profundis, sur la couverture duquel