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LA LINGUISTIQUE.

même forme. La forme tao, par exemple, signifie indistinctement (et entre autres acceptions), ravir, atteindre, couvrir, drapeau, froment, mener, chemin ; la forme lu (entre autres acceptions également) signifie détourner, véhicule, pierre précieuse, rosée, forger, chemin. Ce fut un procédé naïf, simple, mais très-exact, que de faire se succéder deux termes capables d’être synonymes en l’une quelconque de leurs acceptions ; par exemple, tao et lu, qui répondent l’un et l’autre à l’idée de chemin. Ce procédé fut employé : tao laisse le choix entre neuf ou dix sens, mais tao lu ne peut dire que chemin. Est-ce là, comme on l’a prétendu, une véritable composition, la fabrication d’un vrai composé ? En aucune façon ; un composé indique toujours une relation, et ici il n’y a qu’une accumulation de synonymes.

On ne peut voir non plus des composés réels — bien qu’il en puisse sembler au premier abord — dans l’association des mots fu « père » et mu « mère » qui signifient « parents », de yuan « éloigné » et kin « près » qui signifie « distance ». En effet, dans ces accumulations de synonymes, le premier mot ne dépend pas du second, le second ne dépend paas du premier.

Le genre d’un mot ne peut être déterminé, on le conçoit, qu’à l’aide d’un second terme. On a recours, par exemple, nan « mâle, masculin », niu « femelle, féminin » ; de là : nan tse « fils », niu tse « fille », niu jin « femme ». S’agit-il d’animaux, les termes sont différents, mais le procédé reste le même. Il est assurément des plus simples : nous le retrouverons plus loin dans les langues agglutinantes, en wolof, en japonais, et plus tard encore dans les idiomes les plus développés. En latin, par exemple, nous rencontrons mas canis, femina canis, femina porcus, anguis femina et bien d’autres expressions analogues. Combien de phénomènes appartenant en propre à la pre-