Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/132

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d’un établissement. On lui envoya le P. Jean Soërius, Portugais, qui arriva tout à propos pour les fêtes de Noël de l’année 1595. La somme qu’il apportait n’était pas considérable, elle était pourtant suffisante pour louer une maison qu’on disposa convenablement pour y pouvoir célébrer l’office divin. Le P. Ricci, qui s’était déjà acquis une grande célébrité littéraire par ses ouvrages sur la mnémotechnie et l’amitié, publia encore un catéchisme chinois. Dès lors, dans la ville entière et aux environs, tous les esprits furent occupés des religieux étrangers et de la doctrine nouvelle qu’ils étaient venus propager parmi les sectateurs de Confucius, de Lao-tze et de Bouddha. Deux princes de la famille impériale, qui résidaient à Nan-Tchang-Fou entourés de tous les prestiges de leur naissance, s’attachèrent aux missionnaires et les protégèrent de leur crédit.


IV.


Pendant que la mission de Nan-Tchang-Fou s’établissait sous d’aussi favorables auspices, celle de Tchao-Tcheou, après avoir travaillé avec paix et bénédiction à la conversion des âmes, était obligée de soutenir un violent assaut contre les habitants d’un bourg voisin. Quelques lettrés, excités par les bonzes, voyaient avec jalousie la chapelle catholique plus élevée que leur pagode, et fréquentée par une foule de visiteurs qu’attirait le désir de s’instruire des principes de la religion chrétienne, ou d’examiner les curiosités de l’Europe,