Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/139

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les rangs de la noblesse. Nulle protection ne pouvait donc être comparable à celle du président de la première cour souveraine, qui tient sous sa juridiction tous les mandarins de l’empire.

Aussitôt que le P. Ricci eut vu au Moniteur de Péking la nomination du nouveau président du Li-Pou, il s’empressa d’expédier un courrier à Tchao-Tcheou, pour annoncer cette importante nouvelle au P. Cataneo, et lui dire combien il serait nécessaire de visiter à son passage le grand mandarin Kouang. Ce haut dignitaire ne tarda pas en effet de quitter Hai-Nan et d’arriver à Tchao-Tcheou. Il reçut la visite du P. Cataneo, lui demanda des nouvelles de son ami Li-Ma-Teou (Matthieu Ricci), et apprit avec plaisir qu’il avait fondé un établissement à Nan-Tchang-Fou. Nous nous verrons à Nan-Tchang-Fou, dit-il, je le prendrai avec moi jusqu’à Nanking, jusqu’à Péking même ; car j’ai besoin de lui pour corriger le calendrier de l’empire et réformer le tribunal des mathématiques… Ces paroles comblèrent de joie le P. Catanco, qui se rendit immédiatement à Nan-Tchang-Fou auprès du P. Ricci pour se concerter avec lui sur les moyens à prendre afin de mettre à profit ces excellentes dispositions. Le président Kouang n’oublia pas sa promesse. Le 25 juin 1590, les deux missionnaires s’embarquèrent avec lui sur le lac Pou-Yang, et arrivèrent quelques jours après à Nanking.

La ville de Nanking était en ce moment en proie à une vive agitation. Les navires de guerre encombraient les ports, les soldats remplissaient les rues, et les mandarins, courant de tribunal en tribunal, paraissaient être sous la préoccupation de quelque grand