Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/170

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plein de courtoisie et de bienveillance. Il aimait à s’entretenir avec eux. Les conversations roulaient tantôt sur les nations de l’Occident, tantôt sur les mœurs et les habitudes des Chinois de Péking ; souvent aussi on dissertait sur la religion, la philosophie et les sciences de l’Europe. De cette sorte, le voyage se faisait sans ennui, ce qui est très-rare en Chine. D’ordinaire la navigation sur le canal Impérial est soumise à d’insupportables lenteurs, car il y a toujours des jonques en si grand nombre qu’on est obligé quelquefois de s’arrêter plusieurs jours aux écluses, afin d’attendre son tour de passer. Mais quel mandarin eût osé causer le moindre retard à un eunuque, alors surtout qu’il portait sur ses navires des soieries, des cadeaux pour l’empereur ? Le voyage était donc rapide et agréable, et les magistrats qui se trouvaient le long de la route s’empressaient de venir rendre visite au fameux Ly-Ma-Teou, qui apportait à la cour des merveilles de l’Occident.

Après avoir traversé le fleuve Jaune, la flottille rentra dans le canal Impérial et arriva dans peu de jours au port de Tsing-Ning, ville de premier ordre, où résidait le vice-roi de la province de Chan-Tong. L’eunuque, toujours attentif à ce qui pouvait être agréable aux missionnaires et accroître leur réputation, avait envoyé par avance une estafette au vice-roi pour le prévenir de l’arrivée des célèbres Occidentaux. Aussitôt que les jonques eurent jeté l’ancre dans le port, on vit apparaître sur le rivage un palanquin magnifique, entouré d’une brillante escorte. Ce palanquin était envoyé au P. Ricci, avec une invitation d’aller se reposer au palais du vice-roi ; il s’y rendit accompa-