Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/220

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de tendresse qui lui prodigua le P. Goès le rappelèrent à la vie.

Après le passage de la montagne, la route, au lieu de s’améliorer, devint si affreuse, si encombrée de rochers anguleux incrustés de glace et de neige, qu’il était presque impossible d’avancer. Six chevaux du P. Goès périrent à la peine. La caravane, profondément découragée, n’avait plus devant les yeux qu’une mort inévitable ; car déjà la faim et le froid commençaient à lui faire sentir toutes les horreurs d’une désespérante agonie. Le P. Goès seul ne se laissa pas abattre. Plein de confiance en la miséricorde divine, il s’arme d’un courage surhumain et se traîne en avant de ses malheureux compagnons de voyage. Après des efforts inouïs, il a le bonheur d’arriver à Yarkand, capitale du Turkestan ; aussitôt il s’empresse d’envoyer des chevaux et des vivres à la caravane, qui, ranimée et fortifiée par ce secours inattendu, put continuer sa route et parvenir jusqu’à la ville, où l’attendait l’intrépide missionnaire. Elle y arriva vers la fin de novembre 1603, dix mois après son départ du royaume de Lahor.


II.


Yarkand, capitale du Turkestan, était à cette époque une grande et florissante ville. Il s’y faisait un immense trafic, et malgré l’effroyable difficulté des chemins, les marchands s’y rendaient de tous les points de l’Asie. Ceux qui avaient le projet de pour-