Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/227

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maître chrétien. Tous les membres de l’assemblée professaient l’islamisme ; aussi leurs visages s’animèrent aussitôt, et leurs yeux enflammés de courroux se fixèrent sur Goès comme sur un ennemi. Le souverain conserva plus de calme et se contenta de faire observer au missionnaire catholique qu’ayant à traverser des pays habités par des disciples de Mahomet, il ne lui serait pas prudent d’adopter le titre de chrétien. Je vais écrire ton nom, dit-il, veux-tu que je retranche ta qualité de chrétien. – Non, s’écria Goès avec fermeté, écrivez que je suis chrétien ; c’est un titre dont je suis honoré, je l’ai toujours porté, et nul danger, même la certitude de la mort, ne saurait me le faire abandonner… À ces mots un vénérable vieillard se leva, prit son bonnet et le jeta à terre en s’écriant : Honneur au fidèle croyant, à l’homme courageux qui ne craint pas de publier sa foi ! Se tournant ensuite vers le P. Goès, il lui fit une inclination profonde, et l’assemblée tout entière parut partager les sentiments du vieillard. Une foi sincère et courageuse excite toujours, sinon la sympathie, du moins l’admiration des gens de cœur. Le respect humain, au contraire, scandalise même les incroyants et fait mépriser ceux qui en ont la faiblesse.


III.


De Tourphan la caravane se rendit à Hamil, et de Hamil elle descendit le plateau de la haute Asie en se dirigeant vers le sud pour gagner les frontières de la