Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/129

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bien singuliers. Ils n'étaient pas aussi gros qu'un chat ordinaire ; ils étaient enveloppés d'une espèce de poil aussi dur que des aiguilles de fer. Aussitôt que ces animaux nous apercevaient, ils se ramassaient en peloton, de manière qu'on ne pouvait plus distinguer ni pieds ni tête. Ce n'était qu'une grosse boule, entourée de toute part de longues et dures épines. D'abord ces bêtes nous firent peur. Nous ne savions pas trop ce que cela pouvait être ; car les livres de prières n'en parlent pas. Nous voulûmes pourtant les examiner de près. Comme ces boules ne peuvent pas se toucher avec la main, nous plaçâmes un bâton horizontalement sur l'une d'elles ; puis nous pressâmes si fort aux deux extrémités, que la boule s'entrouvrit. Il en sortit une petite figure, comme celle d'un homme qui nous regardait fixement. Nous poussâmes un grand cri, et nous nous sauvâmes à toutes jambes. Cependant peu à peu nous nous accoutumâmes à ces bêtes ; bientôt même elles nous servirent d'amusement. Nous aimions à les faire rouler du haut des montagnes, en les poussant avec nos bâtons ferrés.

« .... Nous rencontrâmes aussi des vers d'une espèce bien surprenante. Un jour qu'il faisait très-chaud, nous suivions le courant d'un petit ruisseau qui serpentait dans une vallée où il y avait de grandes herbes. Vers midi, après avoir préparé et bu notre thé, nous nous endormîmes au bord de l'eau. Vous savez que, selon les prescriptions de Tsong-Kaba, les Lamas à mitre jaune ne portent pas de culotte. Or, quand nous nous réveillâmes, nous trouvâmes que des vers nombreux s'étaient attachés à nos jambes. Ces vers étaient de couleur grise, et gros