Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/160

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de leur tente, ils construisent des fourneaux qui ne manquent ni de goût, ni de solidité. Malgré ces précautions, ils ne s'attachent pas davantage au sol qu'ils occupent ; au moindre caprice, ils décampent, et détruisent, en partant, tous leurs ouvrages de maçonnerie ; ils emportent avec eux les principales pierres, qui sont comme une partie de leur mobilier. Les troupeaux des Thibétains orientaux se composent de moutons, de chèvres, et de bœufs à long poil ; ils ne nourrissent pas autant de chevaux que les Tartares, mais les leurs sont plus forts et d'une tournure plus élégante ; les chameaux qu'on rencontre dans leur pays, appartiennent pour la plupart aux Tartares-Mongols.

Le bœuf à long poil, du nom chinois Tchang-Mao-Nieou, est appelé yak par les Thibétains, sarligue par les Tartares, et bœuf grognant par les naturalistes européens. Le cri de cet animal imite, en effet, le grognement du cochon, mais sur un ton plus fort et plus prolongé. Le bœuf à long poil est trapu, ramassé, et moins gros que le bœuf ordinaire ; son poil est long, fin et luisant ; celui qu'il a sous le ventre, descend jusqu'à terre ; ses pieds sont maigres, et crochus comme ceux des chèvres ; aussi, aime-t-il à gravir les montagnes et à se suspendre au-dessus des précipices. Quand il prend ses ébats, il redresse et agile sa queue, qui se termine par une grosse touffe de poil en forme de panache. La chair du bœuf à long poil est excellente ; le lait que donne la vache est délicieux, et le beurre qu'on en fait, au-dessus de tout éloge. Malte-Brun prétend que le lait de la vache grognante sent le suif. Certainement, il n'est pas permis de discuter sur les goûts ; cependant, il nous semble que la présomption doit être un peu en faveur