Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/206

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demeurèrent longtemps à la lamaserie du Grand-Kouren, car les offrandes des pèlerins tartares ne tarissaient pas. De là, ils descendirent vers le sud jusqu'à Péking, où ils convertirent en or et en argent les innombrables bestiaux qu'ils avaient ramassés de toute part. Après un long séjour dans la capitale de l'empire chinois, ils recommencèrent leurs courses dans les déserts de la Tartarie, et toujours quêtant, toujours recevant des offrandes, ils arrivèrent à Kounboum. Dans cette fameuse et sainte lamaserie, capable d'apprécier le mérite des bons Lamas, le zèle et le dévouement des célèbres quêteurs acquirent une renommée colossale ; ils devinrent l'objet de la vénération publique, et les maîtres, jaloux de la perfection de leurs disciples, ne manquaient pas de les leur proposer pour modèles.

L'Altère-Lama, après trois ans de courses extrêmement méritoires, ne soupirait plus qu'après le moment de retourner à Lha-Ssa, et de consacrer à la construction do son temple toutes les riches offrandes qu'il était parvenu à recueillir. Aussi, grande fut sa joie, quand il apprit la nouvelle de l'arrivée de l'ambassade thibétaine. Il fut résolu qu'il la prendrait à son retour de Péking, et qu'il profiterait de cette bonne occasion, pour faire traverser à son or et à son argent le dangereux pays des Kolo. En attendant, on donnerait tous ses soins à faire les préparatifs de cet important voyage.

Mais, hélas ! les projets des hommes sont souvent traversés, au moment même où ils semblent devoir réussir de la manière la plus triomphante. Un beau jour, arrive à Si-Ning-Fou, un courrier extraordinaire de l'Empereur, portant