Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/254

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montagne porte le nom de Bouddha-La, c'est-à-dire montagne de Bouddha, montagne divine ; c'est sur ce socle grandiose, préparé par la nature, que les adorateurs du Talé-Lama, ont édifié un palais magnifique où réside en chair et en os leur divinité vivante. Ce palais est une réunion de plusieurs temples, de grandeur et de beauté différentes ; celui qui occupe le centre est élevé de quatre étages, et domine tous les autres ; il est terminé par un dôme entièrement recouvert de lames d'or, et entouré d'un grand péristyle dont les colonnes sont également dorées. C'est là que le Talé-Lama a fixé sa résidence ; du haut de ce sanctuaire élevé, il peut contempler, aux jours des grandes solennités, ses adorateurs innombrables se mouvant dans la plaine, et venant se prosterner au pied de la montagne divine. Les palais secondaires, groupés autour du grand temple, servent de demeures à une foule de Lamas de tout ordre, dont l'occupation continuelle est de servir le Bouddha-vivant, et de lui faire la cour. Deux belles avenues bordées de grands arbres, conduisent de Lha-Ssa au Bouddha-La ; on y voit toujours un grand nombre de pèlerins étrangers, déroulant entre leurs doigts leur long chapelet bouddhique, et des Lamas de la cour revêtus d'habits magnifiques, et montés sur des chevaux richement harnachés. Il règne continuellement aux alentours du Bouddha-La, une grande activité ; mais en général tout lé monde y est grave et silencieux ; les pensées religieuses paraissent préoccuper tous les esprits.

Dans l'intérieur de la ville, l'allure de la population offre un caractère tout différent ; on crie, on s'agite, on se presse, et chacun s'occupe avec ardeur de vendre ou d'acheter.