Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/281

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que le grand saint, et ne prononcent son nom qu'en joignant les mains et en levant les yeux au ciel ; ils prétendent que sa science est universelle ; il sait parler, disent-ils, toutes les langues de l'univers, sans les avoir jamais étudiées, et peut converser avec les pèlerins de toutes les parties du monde. Les Tartares ont une foi si vigoureuse en sa puissance, qu'ils l'invoquent continuellement. Dans les dangers, dans les afflictions, dans toutes les affaires pénibles et ardues, ils ont toujours à la bouche le nom magique du Bokte (saint).

Les pèlerins qui se rendent dans le Thibet, ne manquent jamais de visiter Djachi-Loumbo, d'aller se prosterner aux pieds du saint par excellence, et de lui présenter leurs offrandes. On ne saurait se faire une idée des sommes énormes que les caravanes tartares lui apportent annuellement. En retour des lingots d'or et d'argent qu'il enferme dans ses coffres, le Bandchan fait distribuer à ses adorateurs, des lambeaux de ses vieux habits, des chiffons de papier où sont imprimées des sentences en mongol ou en thibétain, des statuettes en terre cuite, et des pilules rouges d'une infaillible efficacité contre toute espèce de maladies. Les pèlerins reçoivent avec vénération toutes ces niaiseries, et les déposent religieusement dans un sachet qu'ils portent toujours suspendu à leur cou.

Ceux qui font le pèlerinage de Djachi-Loumbo, séculiers ou Lamas, hommes ou femmes, tout le monde se fait enrôler dans la confrérie des Kélans, instituée parle Bandchan-Remboutchi. Presque tous les Bouddhistes aspirent au bonheur de devenir membres de cette association, qui pourra fort bien un jour faire naître dans la haute Asie