Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/390

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vérité ; pourquoi vous tromper ? mais au moins vous aurez des hommes pour vous servir, et tous les soirs vous trouverez un gîte préparé ; vous n'aurez pas besoin de dresser la tente. Est-ce que cette route ne vaut pas mieux que celle que vous avez suivie pour venir ? Vous serez obligés d'aller à cheval ; je ne puis pas vous donner un palanquin, on n'en trouve pas dans ce pays. Le rapport que je dois adresser au grand Empereur partira dans quelques jours ; comme mes estafettes courent jour et nuit, il vous précédera. Quand vous serez arrivés en paix à la capitale du Sse-Tchouen, le vice-roi, Pao, aura soin de vous, et ma responsabilité cessera. Vous pouvez partir avec confiance, et en dilatant vos cœurs. J'ai déjà envoyé des ordres, afin que vous soyez bien traités partout où vous passerez. Que l'astre de la félicité vous guide dans votre voyage depuis le commencement jusqu'à la fin !

Quoique nous nous sentions opprimés, répondîmes-nous à Ki Chan, nous n'en faisons pas moins des vœux pour ta prospérité. Puisque c'est aux dignités que tu aspires, puisses-tu rentrer dans toutes celles que tu as perdues, et en obtenir encore de plus grandes ! — Oh ! mon étoile est mauvaise ! mon étoile est mauvaise ! s'écria Ki-Chan, en puisant dans son godet d'argent une forte prise de tabac.

S'adressant ensuite au Pacificateur des royaumes, sa voix prit tout à coup une intonation grave et solennelle. — Ly-Kouo-Ngan, lui dit-il, puisque le grand Empereur te permet de rentrer dans ta famille, tu vas partir : tu auras ces deux compagnons de voyage, et ce doit être pour toi un grand sujet de joie ; car la route, tu le sais, est longue et ennuyeuse. Le caractère de ces hommes est plein