Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/413

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arrivés au sommet, on replia les brides sur le cou des chevaux, qu'on abandonna à la sagacité de leur instinct, pour se diriger sur cette pente rapide et semée de précipices. Les hommes descendirent, tantôt à reculons, comme le long d'une échelle, tantôt en s'asseyant et en se laissant glisser sur la neige : tout le monde se tira victorieusement de ce mauvais pas, et on arriva au bas, sans que personne se fût cassé ni bras ni jambes.

Nous fîmes encore cinq lis dans une étroite vallée, et nous aperçûmes enfin, au pied d'une haute montagne, une vaste agglomération de maisons, parmi lesquelles s'élevaient deux temples bouddhiques aux proportions colossales. C'était la station de Ghiamda. Un peu avant d'entrer dans la ville, nous rencontrâmes sur la route une compagnie de dix-huit soldats rangés en file, et ayant à leur tête deux petits Mandarins décorés du globule blanc. Mandarins et soldats, tous avaient le sabre nu à la main, et un arc en bandoulière. C'était la garnison de Ghiamda, qui, sous les armes et en grand uniforme, attendait Ly, le Pacificateur des royaumes, pour lui rendre les honneurs militaires. Quand la caravane se fut suffisamment rapprochée, les dix-huit soldats et les deux Mandarins tombèrent à genoux, appuyèrent contre terre la pointe de leur sabre, et s'écrièrent tous ensemble : — Au Tou-Sse Ly-Kouo-Ngan, la chétive garnison de Ghiamda, salut et prospérité ... — A ces mots, Ly-Kouo-Ngan et les soldats de sa suite, firent aussitôt arrêter leurs chevaux, mirent pied à terre, et coururent vers la garnison pour l'inviter à se relever. De part et d'autre, on se fit des inclinations interminables, pendant lesquelles nous continuâmes