Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/473

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verras, de toutes parts, des villages en ruines et des forêts incendiées. Dans quelques jours, nous serons obligés de mettre de nouveau la main à l'œuvre ; car personne ne veut entendre les paroles de paix... Cette guerre eût pu être terminée par quelques combats ; mais depuis que vous autres Chinois, vous avez voulu vous mêler de nos affaires, les partis sont devenus irréconciliables ... Oh! vous autres, Mandarins chinois, vous n'êtes bons qu'à apporter dans nos contrées le désordre et la confusion. Cela ne peut pas durer de la sorte. On vous a laissé faire pendant longtemps, et maintenant votre audace n'a plus de bornes ... Je ne puis, sans frémir de tous mes membres, penser à cette affaire du Nomekhan de Lha-Ssa. On prétend que le Nomekhan a commis de grands crimes ;... cela n'est pas vrai. Ces grands crimes, c'est vous autres qui les avez inventés. Le Nomekhan est un saint ..., c'est un Bouddha-vivant ! Qui avait jamais entendu dire qu'un Bouddha-vivant pût être jugé et envoyé en exil par Ki-Chan, un Chinois, un homme noir ? — L'ordre est venu du grand Empereur, répondit Ly-Kouo-Ngan d'une voix basse et tremblante. — Ton grand Empereur, s'écria Proul-Tamba, en se tournant avec emportement vers son interrupteur, ton grand Empereur n'est non plus qu'un homme noir. Qu'est-ce que c'est que ton Empereur, à côté d'un grand Lama, d'un Bouddha-vivant ?

Le grand chef de la province de Kham invectiva longtemps contre la domination des Chinois dans le Thibet. Il attaqua tour à tour l'Empereur, le vice-roi du Sse-Tchouen et les ambassadeurs de Lha-Ssa. Dans toutes ces énergiques